Ce texte est un poème écrit par Cécile Sauvage en 1913 peu de temps avant que son mari ne soit envoyé combattre durant la Première Guerre mondiale. Le poème est intitulé “Je t’ai écrit au clair de lune…” et fait partie de son recueil Primevères.
Plan de l'article
Qui est Cécile Sauvage ?
Cécile Sauvage est poétesse française qui a vécu durant la Première Guerre mondiale. Celle-ci est parfois surnommée la “poétesse de la maternité”.
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Sa vie
Née en 1883 à la Roche-sur-Yon en Vendée, Cécile Sauvage vivra de 1888 à 1907 à Dignes-les-bains à Paris, à côté de l’avenue de Verdun. Lors de ses études, elle écrit Les trois muses, un manuscrit qu’elle envoie par la suite à La revue Forézienne. Après quelques échanges avec son rédacteur en chef, Pierre Messiaen, ils finissent par tomber amoureux et se marient. De leur union naissent deux enfants :
- Alain Messiaen
- Olivier Messiaen
Le premier suit les pas de sa mère et de son père en poursuivant une carrière en tant qu’écrivain et poète. À l’aise dans les arts littéraires, il est notamment l’auteur de L’âme dévorée (1936) et Bestiaire mystique (1948). Son frère, en revanche, s’oriente plutôt vers la musique en devenant compositeur, organiste et pianiste. Mais, comme son petit frère, il est grandement inspiré par ses parents. Par la poésie de sa mère et par les histoires de Shakespeare que lui traduisait son père.
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Cependant, malgré une vie de famille heureuse au départ, le père est mobilisé en 1914 pour la Première Guerre mondiale. Ce sera ensuite au tour du fils Olivier durant la Seconde Guerre mondiale. Il sera fait prisonnier, mais libéré en 1941, il recommence à jouer.
Pendant ce temps, Cécile garde sa famille à l’abri et elle écrit.
Son œuvre
Elle écrira de nombreux recueils :
- Fumées
- L’âme en bourgeon
- Le vallon
- Mélancolie
- Primevère
- Tandis que la Terre tourne
Souvent appelée la “poétesse de la maternité”, Cécile Sauvage n’était pas que la poétesse racontant la maternité, avec bonheur, amour et pourtant une telle intensité. Bien au contraire, alors qu’elle est bloquée dans sa situation de mère de deux enfants, à l’aube de la guerre avec un mari mobilisé, elle n’y est pas pour autant résolue. Elle entretient dans son cœur une passion dévorante et interdite pour Jean de Gourmont qu’elle rencontre à Nantes en 1909. Ils ont sûrement été amants, mais celui-ci se marie en 1920, plongeant Cécile dans un chagrin sans merci. Elle écrit Primevère pour lui et non son mari. Mais, celui-ci le fait d’abord publier post-mortem en omettant les poèmes de sa femme relatant cette liaison.
Cécile Sauvage n’est pas la poétesse de la maternité, mais également celle d’une passion absolue, interdite, meurtrière. Lorsqu’elle meurt en 1927, Jean de Gourmont meurt six mois plus tard.
Le poème
Ce poème assez court se termine par le fameux vers “Sur cette page détachée”. Écrit en 1913 et publié dans le recueil Primevère.
La structure du texte
Le poème est composé de deux quintils et uniquement de vers en heptasyllabes. La structure est soignée et sans discontinuité. Les 10 vers qui le composent renferment une certaine mélancolie que l’on pourrait associer à son amant qu’elle doit aimer en cachette, de loin. Son mari est encore au pays, auprès d’elle avec ses deux enfants. Mais, ici, la tristesse n’a pas encore frappé. Il n’est pas encore marié et la structure de son texte montre une certaine maîtrise de l’émotion. Alors qu’après 1920, elle se lance dans un texte fou de 1750 alexandrins. Celui-ci s’intitule Aimer après la mort.
La signification
Je t’ai écrit au clair de lune fait référence aux nombreuses heures passées par Cécile Sur la petite table ovale qui se trouvait près d’une fenêtre dans sa maison. Elle écrivait beaucoup de ses textes sur ce meuble en particulier. Bien qu’il fût laissé dans le premier recueil, Primevère, publié par Pierre Messiaen, on peut se demander si celui-ci s’adresse à Pierre ou à Jean.
Je t’ai écrit au clair de lune
Sur la petite table ovale,
D’une écriture toute pâle,
Mots tremblés, à peine irisés
Et qui dessinent des baisers.
Car je veux pour toi des baisers
Muets comme l’ombre et légers
Et qu’il y ait le clair de lune
Et le bruit des branches penchées
Sur cette page détachée.